Voici l'extrait de mes reflexions sur la langue japonaise (décembre 2009):
Bientôt notre 6è mois au Japon qui s'achève, je commence à avoir une perception plus subtile de la culture japonaise, dans sa complexité ( difficile bien sûr à résumer dans un simple texte). Comme j'étudie la langue de manière très intense ( parfois 8h par jour!) c'est surtout par l'intermédiaire linguistique que les subtilités de l'esprit japonais se dévoilent... Peut-être l'un des aspects principaux de la langue réside dans les degrés de langues qui sont vraiment complètement différents en fonction de la situation de locution. Certes, chaque langue à un style familier, un style plus poli, etc. Mais avec le japonais c'est vraiment poussé à l'extrême, on parle très très différément, si on est un homme qui s'adresse à une femme, à un autre homme, à un jeune à un vieux, selon que l'on soit dans un cadre professionnel, amical, familial, sportif ETC. Plein de verbes ont un équivalent en style dit "déférent" et un autre mot en registre dit de "modestie". L'un c'est qu'on est soi-même sujet de la phrase, on va se faire humble, se rabaisser; l'autre c'est quand autrui est sujet de la phrase on doit "exalter" l'interlocuteur.
En général, mes amis japonais me disent que je suis trop DIRECTE, et malgré mes efforts je n'arrive pas encore à parler en circonvultions complexes, du style pour exprimer le "il faut que/je dois" français, on dit en traduction littérale: "si je ne le fais pas, cela n'ira pas, alors...".sous -entendu "alors je dois le faire". De même on ne peux pas exprimer les sentiments d'autrui, car que sait-on de ce que pense vraiment l'autre? Donc on ne peux pas dire "A est heureux/triste..." il faut dire "A à l'apparence de qqn d'heureux". ce genre de chose. On ne peux pas non plus dire "mon mari veux/ souhaite ceci ou cela". Pour exprimer un souhait, on n'y va jamais directement. Donc ça fait "mon mari à l'apparence de qqn qui souhaite ceci, mais... "sous-entendu, "je ne sais pas si c'est possible de l'obtenir/ cela vous dérange peut être".
Sinon,il y a de grandes subtilités dans la politesse qui sont aussi très intéressantes, mais je vous épargne les détails. Aussi on en dit pas "non" directement si on veut refuser, il faut dire "j'aurais bien aimé pouvoir le faire, mais....".(le reste étant trop brutal on va le laisser sous entendu)
Tout ce que cela révèle, confirmé aussi par le mode de pensé (comme on ne peut penser que dans le cadre de ce qu'autorise la langue...), c'est le caratère relatif de tout ce qu'on exprime, et le rôle essentiel de la société, et de la place qu'on y occupe, du rang que l'on y tient. Il va conditionner toute notre manière de parler et de penser. ET rien n'est exprimé de façon absolue, les choses ne sont pas en elle-même, dans l'absolu, mais je les perçois comme ça, ou il m'apparait que l'autre à les signes extérieurs de telle perception...Bref, voilà un peu de mes reflexions inspirées par la langue japonaise.
Après il y a aussi plein de choses à dire à propos du système d'écriture et des kanjis, mais ce sera pour le prochain message!
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