mercredi 31 mars 2010

le pouvoir de dire "non"


la liberté signifie-t-elle le pouvoir de dire "non"? Cette question du bac philo de je ne sais plus quelle année que nous regardions avec un de mes élèves japonais a engendré la perplexité de mon interlocuteur. Il a essayé de m'expliquer en quoi cette question était absurde et ne faisait aucun sens...


Passons sur ce petit détail, les japonais ne disent jamais non directement. Quand il leur faut refuser, il vont passer par divers détour de langue et utiliser des expressions super ambiguës pour ne pas avoir à dire cash "non". Cela peut bien sûr entraîner des incompréhensions avec les étrangers qui ne savent pas que des expressions comme "sore wa chotto..." ou autres signifient un refus! Sans parler des mâles expat et autres étrangers qui s'acharnent sur les jolies japonaises car ils n'ont pas compris qu'ils se sont pris un vent, vu qu'elles ne disent jamais clairement non!!


Dans un livre que j'ai lu sur les moeurs japonaises (réf ci-dessous) ils expliquent cette incapacité à dire non par l'esprit de communauté japonais qui fait qu'on hésite à s'opposer à l'autre de peur de l'ostracisme, de se faire rejeter par le groupe. De plus cela fait partie l' ambiguïté (aimai) qui est une des caractéristiques principales de la langue et de la culture japonaise. les japonais préfèrent s'exprimer de façon vague, sous-entendue et équivoque. Récemment il est habituel d'entendre les jeunes dire "suki kamo" ou "kirei kamo". Kamo signifie "peut-être, il se peut", alors que suki et kirei peuvent respectivement être traduits par ça me plaît et c'est beau!! Donc ils disent "ça se peut bien que ça me plaise", donc on ne voit pas trop si ça veut dire qu'ils aiment bien ou qu'ils aiment pas... Enfin c'est juste un exemple parmi mille!!


Si on ajoute à cela le fait que le japonais comporte énormément d'homonymes (à cause du fait que le système d'écriture a été importé de Chine mais les sons chinois de lecture des idéogrammes n'existant pas en japonais- les fameux tons du chinois- parfois 7 lectures chinoises différentes en chinois étaient ramenés à un seul son en japonais!), les phrases à doubles sens et ambiguës sont légions!


En tout cas le pouvoir de dire non ne fait certainement pas partie des attributs de la liberté au Japon...




Réf livre: "the japanese mind" O. Ikeno/R Davies

Hina Matsuri - la fête des filles japonaises




Le 3 mars dernier, je suis allée avec une amie visiter une maison traditionnelle à Tokyo. Elle date du début du siècle dernier, ce qui bien sûr, ne parait pas très ancien pour un français, mais à Tokyo c'est un spécimen rarissime. Sans parler des destructions de la seconde guerre mondiale, il y a eu en 1923 un énorme tremblement de terre (le tremblement de terre du Kanto) qui a détruit (par incendies consécutifs) la majeure partie de la ville. Et de toute façon la fréquence des séismes et des typhons est telle que les constructions sont régulièrement démolies et reconstruites en plus moderne. Les maisons traditionnelles étant en bois, elles brûlent très facilement et il n'en reste presque plus à Tokyo. Sauf celle-ci quoi!

Les caractéristiques des maisons tradi donc, outre bien sûr le sol en tatami, c'est le jardin japonais qui l'entoure, les portes coulissantes recouvertes de papier transparent tout fin, et la présence d'un certain nombre de pièces, dont le tokonoma, sorte d'espace de la pièce à vocation uniquement décorative.

Le 3/3 c'est le hina matsuri, la fête des filles au Japon. Il y a aussi la fête des garçons le 5/5 de chaque année. C'est un des jours fériés de la golden week, car les mecs ont droit à un jour férié eux! mais pas les filles (quel pays de sexistes!!). En quoi consiste ce matsuri? Et bien en l'exhibition dans le tokonoma de poupées sur un escalier de 7 étages: il y a des princesses, des princes, des gardes, des soldats, des servantes, bref toute une histoire! Les poupées anciennes sont super belles, mais la tradition semblent se perdre de plus en plus et de moins en moins de familles respectent cette tradition. En plus des poupées (hina ningyou), il y aussi une confiserie goût sakura (cerisier) que les filles mangent ce jour là...

Infos complémetaires: ancienne résidence de Kusuo Yasuda que l'on peut visiter; métro Sendagi; Chyioda sen

Karaoke fever



Petit point sur la fièvre des karaokés!! J'y étais samedi dernier, une fois n'est pas coutume!!
Alors il y en a à tous les coins de rue à Tokyo et c'est un véritable sport national! Les karaokés japonais ne sont pas les mêmes que leurs rares homologues français: les salles sont installés en box privés que l'ont partage juste avec ses amis, donc y a pas à pousser la chansonnette devant des inconnus. Pas de scène non plus, c'est des petites salle assez intimes avec des canapés donc on chante confortablement posé (enfin plus ou moins, parfois on saute sur le canapé)! En général on paie à l'heure et la formule inclut les boissons à volonté ce qui fait qu'avec qs bières, on se lache! Il y a un large choix de chansons japonaises et anglaises, et quelques chansons en français (Polnareff, Vartan, Piaf...)

Les japonais vont très souvent au karaoké notamment pendant les années collège et en famille. Il y a aussi des indications chez l'agent immobilier sur le fait que l'appart est équipé ou non du matos karaoké! C'est aussi une sortie de travail comme pour nous les diners d'affaire. J'avais une élève cadre d'une grande entreprise japonaise. Elle m'a dit qu'ils emmenaient régulièrement leurs meilleurs clients à des soirées karaokés. C'était un véritale handicap professionnel pour elle que de ne pas être Witney Houston et du coup elle allait s'entrainer toute seule en prévisions de ces redoutables RV d'affaires!!

Le karaoké est une bonne manière de progresser en japonais car il entraine à la lecture rapide tout en s'amusant, et il y a toujours les petits hiragana au dessus des kanjis!!